Les miracles

Les hospitaliers de Lourdes sont souvent questionnés par des croyants ou des incroyants sur les miracles dont ils ont pu être témoins. Une nouvelle réglementation mise en place il y a trois ans sous l’égide de Mgr Perrier, évêque de Lourdes, par le bureau médical, permet de faire un point sur cette question.

Le miracle peut être défini comme un phénomène résultant d’une intervention divine ; ce sens ne doit pas être comparé à celui qui désigne un fait extraordinaire, étonnant, hasardeux et merveilleux utilisé dans la vie courante. Pour qu’une guérison puisse être reconnue comme miraculeuse, il faut que la maladie soit grave, la guérison soudaine, parfaite et définitive et que nulle médication n’ait été donnée. Si une médication a été prescrite, il faudra démontrer qu’elle n’a pu avoir une action utile. Alors, on comprend bien qu’il est impossible de nos jours de reconnaître la guérison miraculeuse d’un cancer par exemple.

Les premières guérisons ont lieu en mars 1858 dès la mise à jour de la source par Bernadette : Catherine Latapie baigne sa main infirme qui avait été blessée par la chute d’un arbre et retrouve immédiatement l’usage normal de sa main. Louis Bouriette, ouvrier carrier, qui avait perdu un œil par un éclat de pierre retrouve une excellente vue - guérison attestée par le Dr. Dozous de Lourdes, lui qui avait vu brûler le cierge sur la main de Bernadette lors de la 17ème apparition. Très vite Mgr Laurence, évêque de Lourdes à cette époque, crée un bureau médical pour étudier les dossiers des personnes guéries.

Tout commence par la « parole » - et c’est primordial -  de celui qui s’estime guéri. S’il juge qu’il a bénéficié d’une grâce de guérison due à l’intercession de N.-D. de Lourdes et en reconnaît une signification spirituelle, il peut en faire la déclaration au bureau médical de Lourdes et c’est là qu’un dossier est monté et étudié. Parmi les 7000 dossiers déposés seuls 67 ont conclu à une guérison miraculeuse.

Un des derniers miraculés a été Jean-Pierre Bely que certains d’entre nous ont connu. Il était invalide à 100%, souffrant d’une sclérose en plaques. En octobre 1987, grabataire, il se rend à Lourdes avec le pèlerinage du Rosaire. Après l’onction des malades, le 3ème jour du pèlerinage, soudain il peut bouger, se lève dans la nuit et marche. De retour à Angoulême, il fait constater par son médecin sa guérison complète. Mais c’est seulement en 1999 – 12 ans après – qu’il est reconnu miraculé par l’évêque d’Angoulême. Pour cette reconnaissance, il était nécessaire de vérifier que les médicaments, normalement prescrits pour ralentir la progression de la maladie, avaient complètement guéri Jean-Pierre. Cette vérification a demandé plusieurs années d’enquêtes auprès de nombreux spécialistes médecins et pharmaciens.

Devant cette difficulté à conclure, au fur et à mesure de l’évolution de la médecine, l’Eglise et les médecins du bureau médical proposent une nouvelle approche : les guérisons inexpliquées. Elles comportent trois étapes : la guérison déclarée, la guérison inattendue et la guérison de caractère exceptionnelle.

La personne  qui a eu la grâce d’une guérison vient la déclarer au bureau médical. Le médecin permanent reconstitue l’histoire de la maladie avec un bilan de l’état actuel, demande au patient les conditions dans lesquelles a eu lieu la guérison et si celle-ci échappe aux prévisions médicales de l’évolution normale de la maladie. C’est la guérison déclarée. Si le médecin pense qu’un complément d’enquête est nécessaire, il cherche alors à savoir si cette guérison présente un caractère inhabituel dans l’évolution de la maladie. Suivant les rapports des experts, le comité médical la classe ensuite en guérison déclarée ou en guérison confirmée.

Cette année, 5 guérisons inattendues ont été ainsi recensées. 

Si ces guérisons du corps sont analysées et répertoriées, d’autres guérisons, au caractère exceptionnel, beaucoup plus nombreuses et plus importantes, passent souvent au 2ème rang, ce sont les guérisons de l’âme : celles des personnes malades et handicapées qui acceptent leurs difficultés physiques, trouvant l’espérance en la miséricorde du Seigneur en priant à la Grotte ou en sortant des piscines. Celles des personnes atteintes de maladies incurables qui viennent à Lourdes pour se préparer spirituellement à rejoindre le Seigneur. Ou comme celle d’un malade venu en 2007 qui, après 3 jours dans l’ambiance du pèlerinage, a réussi à pardonner à son chirurgien une opération l’ayant rendu tétraplégique. Quel exemple douloureux de l’application de l’amour du prochain ! Combien ce pardon nous a tous interpellés !

Toutes ces conversions qui se sont manifestées, ont été favorisées par l’atmosphère de prière qui vous imprègne à Lourdes et ne sont pas le fait du hasard ; comme elle l’a promis à Bernadette, Marie nous propose d’accepter et de reconnaître son intercession permanente pour que nous retrouvions le Chemin aride et difficile que son Fils nous invite à gravir pour arriver à son Père. 

Lucien Guillaume (bulletin 2009)